Législatives : trois blocs… et les régionalistes


Ne se reconnaissant pas dans trois familles politiques qui font l’actualité mais qui n’imaginent pas une France décentralisée, Régions et Peuples Solidaires présente plusieurs candidatures. Son directeur Pèire Costa s’en explique.



Pèire Costa : "Nous refusons l’enfermement dans ces blocs, et recherchons des majorités de projet. C’est ce qui s’est produit avec la Loi Molac sur les langues régionales" (photo MN)

La France politique voit désormais s’affronter trois pôles, dans un contexte confus. Les candidatures régionalistes ne vont-elles pas en rajouter ?

 

Nous apportons clarté et cohérence dans cette confusion. L’élection présidentielle n’apportera pas de changement. Il était déraisonnable qu’y soient présentés autant de candidats : d’une part comme un seul gagne l’efficacité aurait commandé qu’il y en ait moins, d’autre part à gauche nous avons observé qu’Europe Ecologie et la France Insoumise n’avaient que la politique européenne comme clivage, et que le PCF et LFI toujours, ne s’achoppaient que sur la politique nucléaire. Ils nous ont affirmé que ces clivages les faisaient irréconciliables, or les voici désormais tous sous la même bannière aux législatives. Aussi, en matière de confusion et d’incohérence, c’est de ce côté qu’il faut chercher. On ne s’étonnera pas du formidable taux d’abstention si c’est la tambouille qui règne.

 

Notre système politique est hybride : soit la majorité parlementaire est présidentielle, et le président exerce les pleins pouvoirs, comme nous l’avons bien vu durant la crise sanitaire, soit la cohabitation fait basculer la réalité du pouvoir au Parlement, en cohérence avec le premier ministre. Pour cette raison les Régionalistes ne s’obstinent pas avec la présidentielle, mais cherchent à augmenter leur présence à l’Assemblée Nationale, tout en refusant la logique de blocs, mortifère et artificielle ; nous mêmes qui sommes plus proches de la gauche sur la question sociale, mais plus près des centristes sur la question européenne ; nous n’imaginons pas enfermer le débat politique dans ces deux mots : « gauche/droite ». Nous refusons l’enfermement dans ces blocs, et recherchons des majorités de projet. C’est ce qui s’est produit avec la Loi Molac sur les langues régionales.

 


Autre candidat RPS, Didier Cade, dans le Var, où il mène une action d'opposition au long cours contre la Ligne nouvelle grande vitesse vers Nice et pour une réorientation des transports collectifs en fonction des besoins régionaux (photo MN)

Quels programmes défendront les candidats de RPS ?

 

La mère des réformes doit être la décentralisation, il faut revenir sur la carte des régions, la refaire dans une logique de cohérence territoriale, avec des moyens qui permettent des politiques adaptées aux réalités. Nous plaidons pour une République fédérale, dans laquelle les territoires seront autonomes et participeront à la définition de la Loi.

 

Une des caractéristiques essentielles des candidatures que nous présentons reste qu’elles plaident pour qu’à côté du citoyen les territoires soient pris en compte dans le processus de décision. La logique référendaire dans laquelle la somme des citoyens individuels décide revient en effet à ce que les citoyens des métropoles décident, parce que ce sont les territoires les plus peuplés, laissant pour compte les territoires ruraux. Nous sommes donc favorables à la création d’une seconde chambre, qui incarne les territoires sur un pied d’égalité, et dialoguent avec l’Assemblée Nationale à la définition de la Loi.

 

Bien entendu nous voulons faire sauter le verrou de l’article 2 de la Constitution, qui empêche toute avancée en matière de droits aux langues de France. Il faut donc la réformer.

 

Et puis la question du logement est essentielle pour nos candidats. Les gens aux revenus faibles ne peuvent pas se loger correctement chez eux, et ce problème naît en particulier parce que la résidence secondaire est sur-représentée. Le logement a une valeur spéculative. Nous considérons au contraire que la priorité reste que tous puissent se loger. Aussi nous plaidons pour la création d’un statut de résident territorial, afin qu’on ne puisse plus acheter un logement, venant d’autres territoires, dans une pure logique spéculative.


Ex conseiller régional et conseiller municipal d'Aix, c'est pourtant dans les Alpes de Haute Provence que sera présenté Hervé Guerrera, dans la circonscription de Christophe Castaner, l'ex ministre de l'Intérieur (photo MN)

Enfin la transition climatique devient une urgence : on doit sortir de la dépendance aux énergies fossiles comme du nucléaire. Nos candidats avanceront deux solutions alternatives pour accélérer cette transition : abaisser la consommation énergétique et utiliser les énergies naturelles, qui varient d’un territoire à un un autre. La stratégie là encore doit s’appuyer sur des territoires. Pour cela on ne saurait décider à Paris, et confier cette politique aux préfets qui ne réfèrent qu’au centre. Les élus régionaux doivent être décisionnaires en matière de politique énergétique, et responsables devant leurs électeurs. Pour cela la réforme institutionnelle, la décentralisation, sont indispensables.

 

 

La géopolitique s’invite dans le débat. Mais que disent des régionalistes qu’on n’attend pas sur ce thème ?

 

La France est un confetti sur la scène internationale. L’Europe doit relancer sa construction, elle a été absente dans la période qui a précédé la guerre en Ukraine, alors que, unie, elle aurait du parler d’une même voix. Nous sommes tous pacifistes, mais confrontés à la montée en puissance de velléités belliqueuses, aussi l’Europe doit dépasser les Etats, se doter d’une autonomie fiscale, et d’une force de défense afin de ne pas être dépendante de la politique des USA pour sa protection.


Mercredi 11 Mai 2022
Michel Neumuller